Art : une rentrée rue Chapon

Peinture
Expo
Paris
Arts
Author

Christophe Benavent

Published

September 2, 2023

Aujourd’hui, c’était un vernissage collectif rue Chapon. C’est l’expo “Je suis contre” qui m’a attiré aux Filles du Calvaire. Je ne connaissais pas Art Orienté Objet, un entretien sur France culture a amené la puce à mon oreille, ça aurait pu être une souris…

AOO - hydra

La promesse a été remplie, je ne sais si c’est du bio art, de l’éco-Art, mais on retrouve avec intelligence, toutes les questions que nous entretenons avec la vie et le monde au travers de dispositifs aussi ingénieux qu’ils sont transgressifs, en apparence. C’est cérébral tout de même : sans cartel, il est difficile de saisir le sel de l’ironie. Ils doivent être de bons professeurs aux beaux arts, pétillants. On y retrouve un esprit Sophie Calle (elle a exposé pas si loin et il y a pas si longtemps au musée de la Chasse et des Traditions), le surréalisme du ready-made et on y reconnait le travail subtil d’un art qui s’approche de la science lui empruntant ses mutations et ses techniques. L’hydre n’est surement pas une espèce éteinte, mais un possible évolutif de l’humain. Quand au “je suis contre”, il fait figure d’inventaire de nos peurs et sont autant de perches qui nous propulsent vers de nouvelles perspectives.

Et puis il y a l’histoire du cheval qui hante l’exposition, une si longue histoire en peinture le cheval, sans même parler du facteur, ce vieux compagnon de l’humanité que nous avons abandonné pour la vache et le bœuf. S’il fallait une bande son, j’en recommande une, celle de Matthew Herbert, faite d’os et de sons.

Dans les autres galeries de la rue, de jolies choses mais rien qui ne m’a renversé. Poursuivant un peu plus loin, je m’arrête à la galerie Sabine Bayasli, en moins de deux minutes et un étonnement, le choc.

Louis barbe - Une première expérience pénitencière

Louis Barbe propose une série de toiles qui impose l’évidence. Un art de raconter des histoires qui rappelle la figuration narrative, un toucher de pinceau qui saisit l’humanité des personnages presque à la manière de Kokoshka, une vision cinématographique qui raconte des histoires emboîtées, des détails à Jérôme Bosh (Mais que fait en bas à droite Ferré et sa guenon ?), le goût du larvaire et du dégoût, de grands rires, des copains, l’art des échelles et de leurs renversements pour faire surgir du bas le petit monde, le goût organique des matières (la nasse grouillante du chalutier est une performance), l’ironie à profusion qui rappelle Gérard Garouste, et toute la poésie de l’enfance (et de l’adolescence).

J’ai échangé quelques mots avec sa galeriste, nous sommes tombé d’accord en un clin d’œil : cet artiste va faire un tabac. J’ai échangé avec Louis, il fait, ce qu’il m’a dit, de chaque instant de sa vie, de chaque ami qu’il croise, une histoire, il ne prétend à aucune vérité, juste saisit la matière de la vie comme l’on photographie, certains on besoin d’Instagram, lui il peint. Il a 21 ans, se cherche encore probablement, il pratique un réalisme magique dans le ton de notre siècle, faisant de rien une histoire fantastique.